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bien. Remercie ton papa de tous les deuils de sa dernière lettre. Je serai le 20 à Paris.

Mille amitiés à ton oncle et à ta tante, M. et Mme Deschamps[1], M. et Mme François. J’écrirai à ton père dès que notre ménage sera revenu à Blois qui est à 8 lieues d’ici.

V.[2]


À Monsieur Foucher.


La Miltière, 12 mai 1825.
Mon cher papa,

Le messager envoyé par mon père à Blois est de retour. Il nous rapporte l’aimable lettre de maman à son Adèle, que nous avons lue en famille, et une lettre fort cordiale de Victor Foucher[3], qui nous fait aussi beaucoup de plaisir. Nous nous attendions également à recevoir la croix de la Légion d’honneur et les papiers, etc., que vous nous avez annoncés pour le commencement de cette semaine. Notre espérance est frustrée de ce côté, et mon père désirerait que vous eussiez la bonté de passer encore une fois à la Légion, pour presser cet envoi. Car ma place est retenue pour le 19 au matin, et si nous ne recevions pas tout cela au moins le 18, je courrais grand risque de ne pouvoir porter la décoration au sacre, ce qui serait inconvenant.

Je sens, mon excellent père, combien je vous donne de peines, et je suis pénétré d’une vive reconnaissance de toutes vos bontés. La lettre de maman Foucher est bonne comme elle : elle est remplie de détails qui nous intéressent. Nous sommes enchantés des progrès de Juju[4] autant que de ceux de Didine ; quand nous serons de retour à Paris, ces deux enfants seront l’objet de nos curiosités réciproques, et nous en aurons de longs récits à nous faire.

Voudriez-vous bien ajouter encore à tous vos soins paternels celui de

  1. Père et mère d’Émile et Antoni Deschamps. Antoni Deschamps, le poète dantesque comme l’appelaient ses amis, traduisit, pour ses heureux débuts dans la littérature, la Divine Comédie, en 1829 ; puis il publia, dans la Revue des Deux Mondes, une série d’Études italiennes fort appréciées ; un volume de vers : Dernières paroles, sorte d’autobiographie, dépeint les angoisses que lui causait son état mental ; neurasthénique et guetté par la folie, il s’analysait fort bien ; vers 1831 il se retira chez le docteur Blanche et continua à travailler ; il mourut en 1869. Son dernier volume : Résignation, dépeint l’état de son âme douloureuse et profonde.
  2. Archives de la famille de Victor Hugo.
  3. Victor Foucher, frère aîné de madame Victor Hugo, fit sa carrière dans la magistrature. En 1851, il était conseiller à la cour de Cassation ; tout dévoué à l’empire il n’eut avec son beau-frère exilé que des rapports lointains.
  4. Julie Foucher, née le 22 septembre 1822.