Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant un fils qui t’aimera comme nous. Et qu’y a-t-il de consolant dans la vie, si ce n’est le lien d’amour qui joint les parents aux enfants ?

Ton fils soumis et respectueux,
Victor.

Embrasse bien pour nous notre belle-mère, que nous attendons avec toi.

Depuis quinze jours que je suis garde-malade, je n’ai pu m’occuper de notre cher Eugène, comme je l’aurais voulu ; mais tu vas venir ; puis-je ne pas voir son avenir sous des couleurs moins sombres[1] ?


Au général Hugo.


27 juillet 1823.
Mon cher papa,

Je me félicitais de n’avoir plus que d’excellentes nouvelles à te mander, lorsqu’un événement imprévu m’oblige à recourir à tes conseils et à ton assistance ; la nourrice à laquelle il a fallu confier notre enfant ne peut nous convenir. Cette femme nous trompe : elle paraît être d’un caractère méchant et faux ; elle a abusé de la nécessité où nous étions de placer cet enfant ; nous l’avons d’abord crue bonne et douce ; maintenant nous n’avons que trop de raisons pour lui retirer notre pauvre petit Léopold le plus vite possible. Nous désirerions donc, mon Adèle et moi, après avoir pris la résolution de le retirer à cette femme, que tu nous rendes le service de lui trouver, à Blois ou dans les environs, une nourrice dont le lait n’ait pas plus de quatre ou cinq mois, et dont la vie et le caractère présentent des garanties suffisantes ; d’ailleurs nous serions tous deux tranquilles, sachant notre Léopold sous tes yeux et sous ceux de ta femme. C’est ce qui nous a décidés à le placer à Blois plutôt que partout ailleurs.

Il est inutile, cher et excellent père, de te recommander une prompte réponse ; la santé de ton petit-fils pourrait être altérée du moindre retard. Je ne te demande pas pardon de tous les soins que nous te donnons ; je sais qu’ils sont doux à ton cœur bon et paternel.

Adieu, cher papa, Eugène va mieux physiquement ; tout le monde ici t’embrasse aussi tendrement que ton fils t’aime. Hâte ton arrivée, réponds-moi vite, et crois à mon amour aussi respectueux qu’inaltérable.

Victor.
  1. Bibliothèque municipale de Blois.