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mon nom dans votre mémorable séance ; vous avez voulu que quelque chose de l’éclat ajouté par une auguste spectatrice[1] à l’antique fête des fleurs rejaillît jusque sur moi. Je vous en remercie. Vous avez encore plus touché mon cœur que flatté mon orgueil.

Mandez-moi, de grâce, si vous avez reçu la seconde édition de mes Odes, ainsi qu’un autre mauvais ouvrage en quatre volumes, intitulé Han d’Islande'. J’avais chargé, il y a bien longtemps, mon ancien libraire Persan de vous adresser ces ouvrages que j’envoyais également à l’Académie. Cet homme a fait banqueroute depuis, et ayant découvert plusieurs omissions dans les commissions dont je l’avais chargé, je voudrais m’assurer qu’il ne vous a pas compris au nombre de ses oublis intéressés.

Adieu, monsieur et excellent confrère ; ma femme, qui avance heureusement dans sa grossesse, partage les sentiments profonds d’amitié sincère que vous porte votre très humble serviteur et indigne confrère

Victor-M. Hugo.


Au général Hugo.


Gentiily, 27 juin 1823.
Mon cher papa.

Eugène, après un séjour de quelques semaines au Val-de-Grâce, vient d’être transféré à Saint-Maurice, maison dépendant de l’hospice de Charenton, dirigée par M. le docteur Royer-Collard[2]. La translation et le traitement ont lieu aux frais du gouvernement ; il te sera néanmoins facile d’améliorer sa position moyennant une pension plus ou moins modique ; on nous assure que cet usage est généralement suivi pour les malades d’un certain rang. Au reste, le docteur Fleury a dû écrire à l’un de ses amis qui sera chargé d’Eugène dans cette maison, et M. Girard, directeur de l’École vétérinaire d’Alfort, a promis à M. Foucher, qui le connaît très particulièrement, de recommander également les soins les plus empressés pour notre pauvre et cher malade, et d’en faire son affaire. M. Foucher, Abel ou moi, comptons t’écrire incessamment de nouveaux détails sur ces objets, ainsi que sur la santé toujours douloureusement affectée de notre infortuné frère. Les souffrances de mon Adèle, qui augmentent à mesure que son terme

  1. La duchesse de Berry.
  2. Médecin-chef de l’hôpital d’aliénés à Charenton.