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combien tu es au-dessus et par l’âme et par le caractère, de toutes les autres femmes, si coquettes et si fausses. Comment n’aurais-je pas, mon Adèle bien-aimée, la plus profonde estime pour toi ; si mon âme et ma conduite ont toujours été pures, c’est ton souvenir, c’est la volonté ferme de rester digne de toi qui m’ont constamment protégé. Adèle, toi que j’ai toujours vue si noble, si modeste, ne te crois pas coupable, je t’en supplie ; car il faudrait alors que je me crusse un scélérat, et cependant je n’ai commis d’autre faute que celle de t’aimer, si tu veux que c’en soit une.

Crois-moi, Adèle ; si tu m’aimes, c’est peut-être un malheur (pour toi, non pour moi), mais ce ne sera jamais un crime. Il n’y a que la tendresse que je t’ai vouée qui puisse égaler mon respect pour toi.

Adieu, mon Adèle, il est bien tard et le papier me manque. Excuse mon griffonnage. Adieu, je t’embrasse.

Ton fidèle mari,
Victor.