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CORRESPONDANCE. — 1821

Nous possédons ici depuis quelque temps M. Alexandre Soumet[1] qui m’a beaucoup parlé de l’intérêt que l’Académie veut bien prendre à mes essais et de la bienveillance flatteuse que vous, monsieur, en particulier, voulez bien montrer à mon égard. Je me suis aidé des conseils de M. Soumet pour corriger cette nouvelle ode et je dois beaucoup à son obligeante amitié. Il m’a lu une partie de sa tragédie d’Oreste, dont le cinquième acte est vraiment admirable. Je désire fort que les affaires qui l’ont amené à Paris se terminent à sa satisfaction ; je désire encore plus que sa tragédie soit bientôt jouée, car, si je fais des vœux pour sa fortune, j’en fais encore plus pour sa gloire : un poëte ne peut m’en savoir mauvais gré.

Pour moi, monsieur, la première ode que je ferai sera destinée à l’Académie ; si, accédant à ma prière, vous consentez à la lire dans une de vos séances, elle sera en quelque sorte protégée par l’illustration du corps des Jeux Floraux. Je ne vous promets pas que cette étrangère sera digne de l’hospitalité que vous voudrez bien lui accorder, mais je vous promets de faire tous mes efforts pour y parvenir. J’espère, monsieur, que vous voudrez bien me continuer cette bienveillance dont vous m’avez déjà donné tant de preuves, et dont je suis si profondément touché. Je vous prie d’excuser le désordre de cette lettre, écrite à la hâte, et de croire toujours aux sentiments de haute estime et de considération respectueuse avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble serviteur.

V.-M. Hugo.

P. S. — Ignorant si le secrétaire du Conservateur littéraire a rempli exactement l’ordre que je lui avais donné de vous envoyer quelques exemplaires de mon Ode à M. de Chateaubriand[2] j’en joins quelques-uns au paquet que j’ai l’honneur de vous adresser.



1821.


À Monsieur Pinaud.


28 mars 1821.
Monsieur,

Vos lettres sont si précieuses pour moi qu’un de mes grands regrets est de ne pouvoir vous écrire plus souvent afin de recevoir plus fréquemment

  1. Alexandre Soumet, poète, auteur dramatique, maître ès-Jeux Floraux de l’Académie de Toulouse ; à ce titre, en le félicitant de sa première ode, il écrivait à Victor Hugo, en mai 1819 : « Vos dix-sept ans ne trouvent ici que des admirateurs, presque des incrédules ». Soumet inspira à Victor Hugo une vive admiration et leurs relations furent très amicales.
  2. Odes et Ballades.