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mais je pense que dans le cas où vous ne pourriez pas vous en charger, vous voudriez bien avoir la bonté de m’en donner avis.

Je suis particulièrement flatté, monsieur, que mes odes sur la Vendée et sur l’exécrable crime du 13 février[1] vous aient causé quelque plaisir. En vous envoyant mes essais, je ne fais que remplir un devoir bien agréable pour moi et je serais heureux que vous voulussiez me continuer vos avis. J’ai l’honneur de vous adresser en ce moment deux exemplaires d’une satire déjà vieille, mais qui, à l’époque où elle parut (octobre 1819)[2], fut considérée à Paris, sinon comme une preuve de talent, du moins comme une marque de courage. J’y fais joindre le premier volume du Conservateur littéraire[3]. Vous verrez dans cet ouvrage, à la rédaction duquel je concours, le témoignage de satisfaction que S. M. a daigné me donner à l’occasion de mon ode sur la mort de Mgr le duc de Berry[4]. Je crois que le Conservateur littéraire peut être utile, et je désire qu’après l’avoir lu, vous en portiez le même jugement. Je vous remercie de l’observation bienveillante qui termine votre aimable lettre ; j’ai tout lieu de croire que notre Conservateur, dont le succès paraît assuré dans la capitale, va se répandre maintenant dans les départements et, dans ce cas, je prendrais des soins particuliers pour qu’il parvienne dans votre province qui est peut-être aujourd’hui la seule où l’on ait conservé intacts l’amour des lettres et le dévouement à la monarchie légitime. Je finis, monsieur, cette trop longue lettre en vous félicitant à mon tour de l’adresse de votre Cour royale relativement à l’horrible assassinat de Mgr le duc de Berry ; elle a produit ici le meilleur effet, elle a été distinguée entre toutes les adresses des autres villes du Royaume et tout le monde sait que les sentiments monarchiques dont est pénétrée votre fidèle Cour royale sont aussi ceux qui animent l’excellente ville de Toulouse et la noble Académie des Jeux Floraux.

J’ai l’honneur d’être avec la plus respectueuse reconnaissance, monsieur, votre très humble serviteur.

V.-M. Hugo.

P. S. — Mon frère Eugène, que sa mauvaise santé a empêché de concourir cette année, et qui se propose bien de prendre sa revanche en 1821, me charge de le rappeler à votre souvenir et de vous présenter ses respects. Ayant déjà obtenu une amaranthe en 1819, je me détermine à prendre

  1. La mort du duc de Berry. Odes et Ballades.
  2. Le Télégraphe. Publié en plaquettes en 1819 et réimprimé dans Odes et Ballades (Éditions de l’Imprimerie Nationale).
  3. Victor Hugo avait fondé avec ses frères et rédigeait, presque seul, le Conservateur littéraire, qui parut de décembre 1819 à mars 1821.
  4. Le roi ordonna qu’une gratification de 500 francs fût envoyée à l’auteur.