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Au général Hugo.
3 décembre 1816.

Depuis six semaines que nous allons au collège de Louis-le-Grand, nous avons repassé toute l’arithmétique, et toutes les fois que nous avons été appelés au tableau, nous avons eu les numéros les plus élevés, tels que 15, 16, 17 et 18 ; nous avons eu, dans les compositions, les 3e et 4e places, quoique, pour la géométrie, nous nous trouvions les plus faibles de la classe ; enfin, M. le professeur lui-même nous a souvent adressé des paroles flatteuses sur notre travail et notre application.

En philosophie, tous les devoirs que nous avons présentés depuis un mois que le cours est ouvert ont été notés bien et très bien, et nous ont pareillement attiré des choses flatteuses de la part de M. le professeur.

Tu sais sans doute que les cours du collège nous tiennent depuis 8 heures du matin jusqu’à 5 heures du soir. Le cours d’arithmétique, professé par M. Guillard, dure depuis 8 heures 1/2 du matin jusqu’à 10 heures 1/2 ; après ce cours, M. le professeur donne, de son propre gré, à ses élèves privilégiés des leçons d’algèbre auxquelles il a la bonté de nous inviter ; en sorte que nous ne pouvons revenir à la pension qu’à 12 heures 1/2. Depuis 1 heure jusqu’à 2 heures, nous avons trois fois la semaine la leçon de dessin que nous donne M. Cadot ; à 2 heures nous partons pour nous rendre en philosophie d’où nous ne sommes revenus qu’à 5 heures du soir. Depuis 6 heures jusqu’à 10, nous nous occupons, soit aux leçons de mathématiques que nous donne M. Decotte, soit à nos rédactions et aux devoirs de collège.

Tu nous as souvent toi-même, cher papa, fait l’éloge de notre frère Abel, et tes propres discours prouvent que tu le regardes, avec nous, comme le meilleur des fils et le plus tendre des frères. D’après la manière dont est employé notre temps, il est impossible qu’il puisse nous voir les jours ouvrables, et tu sais que les jours de congé sont tellement partagés entre la messe, le travail et la promenade qu’il ne peut venir nous embrasser aux jours où il est libre. Nous te demandons donc, cher papa, de sortir avec lui les jours de congé[1].

  1. Extrait publié par Louis Belton dans : Victor Hugo et son frère Eugène à la pension Cordier et Decotte et au collège Louis-le-Grand.