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au bas de ta dernière lettre. Je pense qu’il ne faut en accuser que ceux qui ont interrompu ma femme chérie.

Adieu donc, je ne peux me séparer de toi. Adieu, mille et mille baisers.


Lundi (2 septembre).

Je viens de travailler et de dîner. Il me semble que le peu d’instants qui me séparent de celui où je te verrai coulent bien lentement ! Du moins seront-ils employés à t’écrire, afin que ce bonheur se mêle à mon impatience et la tempère. Aurai-je une lettre de toi ce soir, mon Adèle ? Qu’as-tu fait aujourd’hui ? Il faut que tu aies pensé à moi toute la journée, car ainsi que tu le disais si bien hier, si tu peux être un moment sans penser à moi, il vaudrait autant n’y penser jamais. Que je suis heureux, chère amie, que ce soit toi qui aies dit cela ! C’est une inspiration de ton cœur d’ange que j’ai recueillie avec une bien vive joie. Si tu me parlais toujours ainsi, Adèle, tu ne me verrais jamais douter de ton amour ; il y a des paroles qu’on ne trouve que lorsqu’on aime, et celle qui me rend si heureux est l’une des plus tendres qui soient échappées au véritable amour.

Adieu, mon Adèle bien-aimée, nous allons causer, pendant quelques instants bien courts, de notre bonheur à venir et prochain, je vais entendre ta voix chérie, voir ton regard adoré, peut-être m’enivrer furtivement d’un baiser ou d’une caresse de toi. Cette attente me transporte. Adieu donc, ou plutôt adieu n’est pas le mot, puisqu’après un long jour je vais te revoir. Je t’embrasse en mari.

Victor.

Surtout, que je te retrouve bien portante !