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trouveras pas dont la tendresse pour toi soit aussi pure et aussi désintéressée que la mienne.

Je ne veux pas t’ennuyer ici de mes peines personnelles ; elles sont loin d’être sans remède, et d’ailleurs elles seront oubliées toutes les fois que je te verrai gaie, heureuse et tranquille.

Adieu, dis-moi toujours tout, soit de vive voix, soit par écrit. Du courage, de la prudence et de la patience ; prie le bon Dieu de m’accorder ces trois qualités, ou plutôt les deux dernières seulement ; car, tant que tu m’aimeras, la première ne me manquera pas. J’espère que cette lettre-ci ne te fera pas pleurer. Quant à moi, je suis tout joyeux quand je songe que tu es à moi, car tu es à moi, n’est-il pas vrai, mon Adèle ?

Malgré les obstacles qui se présentent dans l’avenir, je suis tout prêt à crier comme Charles XII : « Dieu me l’a donnée, le diable ne me l’ôtera pas ».

Adieu, ma charmante Adèle, pardonne-moi et permets à ton mari de supposer qu’il prend un des dix baisers que tu lui dois.

Ton fidèle,
Victor.