Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’amour et au respect le plus profond ! Ô répète-moi sans relâche, mon Adèle bien-aimée, ce que tu me disais dans ta douce lettre d’hier[1] que ton Victor est tout pour toi comme tu es tout pour lui, que toutes les affections s’évanouissent devant notre amour mutuel, redis-le moi sans cesse, car c’est du plus profond de mon cœur que je t’affirme que j’ai besoin de cette conviction pour vivre. Si demain je cessais de croire en toi, Adèle, mon existence se briserait d’elle-même, car où serait mon appui dans la vie pour supporter le poids d’un pareil malheur ? Oh non, non, je t’aime, je t’aime, et tu ne peux ne pas m’aimer, toi qui es un ange. Adieu, adieu, mon Adèle, ton mari t’embrasse et t’embrasse encore.

  1. « Trois mois encore et je serai toujours près de toi. Quand nous pensons à cela nous devrions nous trouver bien heureux ! Et quand nous pensons que nous n’aurons rien fait qui soit indigne et que même nous aurions pu être ensemble plus tôt, mais que nous avons préféré notre propre estime à notre bonheur, certes, combien ne serons-nous pas plus heureux ! Mon Victor, que jamais nous ne fassions rien qui puisse empêcher de considérer notre conduite avec joie et quand même nous serions pauvres, nous nous contenterons de ce que nous aurons, mais nous serons purs. Je parle pour deux quoique je ne puisse rien aux affaires, mais je serai toujours de moitié dans ce que tu feras. C’est bien ce qui fait toutes les jouissances que j’ai en ce monde qui sont de songer que toutes tes actions sont les miennes ; elles font tout mon bonheur et toute ma gloire. C’est la seule qui soit permise à une femme. » (Reçue le 12 juillet 1822.)