Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne saurais croire de quelles indicibles joies me pénètre cette idée que mon plus ardent désir est partagé par l’être angélique qui l’inspire. Maintenant je vais compter tous les jours jusqu’à celui où je recevrai le titre de mes pensions, et cependant j’ai été prévenu que cela pourrait bien durer encore six semaines. N’importe, il me semble que tous les bureaux vont se presser dans leur travail, parce que j’attends pour être heureux qu’ils aient fini. Cela ressemble un peu à de la folie, mais que veux-tu ? C’est à toi que tu dois t’en prendre. Pourquoi as-tu fait perdre la raison à ton Victor ?

En vérité, depuis que notre mariage est devenu pour moi la chose la plus certaine qui soit sous le ciel, je m’étonne à chaque instant de le voir arrêté par ce qui l’arrête. Je me demande comment il se fait que la réalisation des espérances les plus pures et les plus idéales soit retardée par un obstacle aussi matériel, l’argent ! Et cela est pourtant. C’est comme si je voyais un nuage attaché avec une chaîne de fer.

Adieu, mon Adèle adorée, pardonne-moi toutes mes folies, donne-moi demain une longue lettre et reçois en échange mille baisers de ton mari, de celui dont tu es l’ange et l’idole, et qui te verra demain.