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Jeudi matin.

Je viens de me lever beaucoup moins souffrant qu’hier et je me mets à t’écrire pour me soulager entièrement.

Je ne te dirai pas que je veux que ma première pensée soit pour mon Adèle, car pensant ou rêvant continuellement à toi, je ne puis t’offrir ni première ni dernière pensée, mais seulement la pensée unique qui domine toute mon âme et toute ma vie. Et toi, mon Adèle, as-tu bien dormi ? Qu’il me tarde de te voir, de lire ce que tu m’as écrit hier au soir ! J’espère que tes douleurs d’estomac sont passées, j’espère que tu n’as plus de chagrin ou du moins que tu n’en auras plus ce soir quand je te verrai. Ô mon Adèle, je ne te verrai donc que ce soir ! Je m’étais fait une habitude du bonheur de te voir souvent tous les jours et cette habitude si douce me rend bien malheureux à Paris.

Adieu, ange, plains ton pauvre mari et laisse-le t’embrasser mille fois.

Victor.