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ment où je me suis doucement endormi en rêvant de toi. C’est dans cet instant même, ma chère et trop bonne Adèle, que notre bonheur ou notre malheur se décident loin de nous. Oui, je compte sur ta tendresse, je vois et j’admire ton courage, ton dévouement me pénètre, mais je t’en supplie, ne compromets jamais pour moi ton repos. Dans quelques jours peut-être, je ne serai plus qu’un malheureux qu’on te dira d’oublier, et si cet oubli me semble pouvoir assurer ta tranquillité, je te le dirai moi-même ; mais ce sera les dernières paroles que ma bouche prononcera.

Pourtant, mon Adèle adorée, j’aurais été bien heureux dans mon malheur d’inspirer un dévouement pareil à celui que tu me promettais hier ; hélas ! à quels rêves ne faut-il pas renoncer dans la vie ? J’aurai passé en t’aimant, t’aimer aura été l’histoire de toute ma vie… Je ne me plains certes pas de ce sort. Adieu, adieu, ma bien-aimée Adèle ; je t’embrasse comme je t’aime, reçois autant de baisers de ton mari que tu as versé de larmes pour lui.

V.-M. H.