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Il y a eu ce matin conseil à l’Élysée. Le journal accusé et traduit à la barre est de l’intimité, presque de la domesticité de l’Élysée.

Le conseil a fini tard. Tout à l’heure, comme j’arrivais à l’Assemblée par l’omnibus vert, en passant sur le pont de la Concorde, j’ai vu défiler les ministres en voiture, M. Dumas dans une berline, M. de Parieu en calèche, M. Bineau en escargot.

Comme j’entrais à l’Assemblée, l’affaire était commencée, le prévenu, La Martinière, ami de Mocquart, ami du président, est assis sur une chaise à l’entrée de ce carré long qu’on appelle l’hémicycle, la face tournée vers la tribune et vers M. Dupin, le dos par conséquent tourné à l’Assemblée.

M. Chaix d’Est-Ange parle. Trois heures de charabia en perspective.




Juillet 1850.

Moment bizarre.

Nous sommes en république, le parti monarchique gouverne.

La réaction, officiellement et à la tribune, est obligée de faire bonne mine à la République, mais, comme ces mauvaises mères qui, forcées de sourire à leurs enfants en public, s’en dédommagent et les fouaillent à huis clos, elle se cache derrière les lois de compression et là elle administre d’énormes fessées aux principes révolutionnaires.




18 décembre.

À propos de l’élection du général La Hitte, M. Baroche a soutenu à la tribune que la loi du 31 mai devait être, non seulement exécutée, mais encore respectée, et que ceux-là commettaient un délit qui ne la respectaient pas. Lagrange lui a crié de sa place (et je cite le mot parce qu’il ne sera certainement pas au Moniteur) : « Soit. Nous commettons un délit en ne la respectant pas ; mais, vous, vous avez commis un crime en la faisant. »




Le 31 mai, date fatale. La première fois, elle marqua la violation de la représentation nationale ; la deuxième fois, la mutilation du suffrage universel.