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6 octobre. — Le prince de Hohenlohe a dit : Fourtou[1] est un Morny de province.


7 octobre. — On a mis en vente hier l’édition à 2 francs de l’Histoire d’un crime. On en a vendu 22 000 avant midi.


9 octobre. — On dit ce soir Gambetta arrêté. Je n’en crois rien. Mais tout est possible aux insensés régnants.


14 octobre. — Nos convives habituels du dimanche, Paul Meurice, plus MM. Dulac et Siffren, Gustave Frédérix et M. Gaston Bérardi à qui le prince Orloff a conté ce matin qu’il venait de voir Mac-Mahon, lequel, devinant les élections, lui a dit : Mes ministres m’ont f… dans la m…


11 novembre. — Rochefort m’envoie une énorme truite saumonée du lac de Genève pêchée par lui-même.

Ce soir fortes anxiétés. Situation grave. Mac-Mahon.


12 novembre. — Première escarmouche à la Chambre. Demande d’enquête.


13 novembre. — Broglie, après le discours d’Albert Grévy, a dit : Ils ont un général.


2 décembre. — Voici l’anniversaire. On dirait qu’il va être célébré par lui-même, et que le crime est à son poste pour recommencer. Le premier ministre actuel est Rochebouët[2], un des mitrailleurs du boulevard Montmartre. — Depuis trois jours le temps m’a manqué pour écrire ce petit mémento quotidien. Les choses sont étrangement obscures.


10 décembre. — Tout à faire à la fois. Le temps m’a manqué pour les notes au jour le jour. J’ai donné le dimanche 8, au Grand-Hôtel, un dîner à la presse littéraire de tous les journaux[3]. Il y avait cent quarante-huit convives. Sarah Bernhardt était à ma droite.

Pendant ce temps-là, tout est sombre. Mac-Mahon continue d’être une calamité publique.

  1. Ministre de l’intérieur le 16 mai. Se signala par ses mesures réactionnaires. (Note de l’éditeur.)
  2. À la suite des élections du 14 octobre, le cabinet de Broglie dut se retirer et Mac-Mahon appela à la présidence du conseil le général Rochebouët, qui avait pris, en décembre 1851 une part active au coup d’état et qui, en 1877, forma un cabinet en dehors des deux Chambres. (Note de l’éditeur.)
  3. Centième représentation de la reprise d’Hernani. (Note de l’éditeur.)