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23 octobre. — Je reçois pour le tombeau de mes chers morts une grande couronne noire faite de deux branches, l’une de chêne, l’autre de laurier, et une lettre d’envoi très touchante, d’une femme, une ouvrière, qui signe C. F.[1].


9 novembre. — On est venu me demander de laisser dessiner mon salon pour la Chronique illustrée de M. Montrosier. J’ai consenti et j’ai invité M. Montrosier à dîner pour vendredi avec Monselet. J’ai pris une plume et j’ai écrit sur le coin de la table cette invitation à Monselet :


Mandat impératif : viens dîner vendredi.
Âtre ardent, soupe chaude, et cœur pas refroidi.

V. H.


30 novembre. — Nous avons dîné seuls avec les enfants. Ils ont invité Élisée et Henri. Après le dîner ils ont joué dans le salon. Comme je les gourmandais un peu, Jeanne m’a engagé à avoir soin de ma popularité en ces termes : Ne gronde pas les autres quand on t’aime.

  1. Voici cette lettre collée en regard de ces lignes sur la page blanche du carnet :
    À Monsieur Victor Hugo

    Permettez à une ouvrière républicaine de vous offrir une couronne pour vos chers morts.
    Bien faible hommage de mon admiration pour vous.
    C’est mon travail. Daignez l’accepter. Cela me portera bonheur.
    Une lectrice du Rappel.
    C. F.

    (Note de l’éditeur.)