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Alfred Asseline est de retour à Bruxelles, il vient de Paris. Il n’a pu partir qu’à grand’peine et caché dans le compartiment des dépêches.


17 avril. — M. Ludwig Wilh a traduit en vers allemands pour les journaux allemands les vers contre la guerre civile.

Les gens de Versailles ont fait arrêter Lockroy.


20 avril. — La lutte s’aggrave à Paris. Ulbach arrêté à Paris.


21 avril. — Alice a reçu de Mme  Jules Simon une lettre indignée contre les gens de la Commune. Elle se plaint du pillage chez elle.


23 avril. — Lockroy en prison à Versailles, Ulbach en prison à Paris, Pierre Véron en exil à Bruxelles, cela caractérise la situation.


24 avril. — Félix Pyat a donné sa démission de la Commune et a déclaré dans le Drapeau que c’était à cause de la suppression de quatre journaux. Là-dessus, séance de la Commune où le membre Clément, appuyé par une foule d’autres, déclare que Pyat a approuvé la suppression des journaux, et que sa démission est une désertion.

Dans la même séance le citoyen Delescluze déclare qu’il ne quittera pas la Commune et qu’il se fera tuer.


25 avril. — Émile Deschamps est mort à Versailles. Il avait quatrevingts ans. Charmant talent, charmant esprit, cœur charmant.


27 avril. — Armistice de quelques heures entre Versailles et Paris.


30 avril. — J’ai déjà donné à Petit Georges trois leçons de lecture et d’écriture mêlées.

Les journaux annoncent qu’on n’a pu retrouver le ballon Victor Hugo qui, parti de Paris en octobre 1870, était allé s’abattre en Belgique. Moi, pendant ce temps-là, j’étais parti de Belgique et j’étais allé m’enfermer à Paris.


2 mai. — Ce soir à minuit, clair de lune, j’ai entendu dans les arbres de la place des Barricades chanter un rossignol. Était-ce une de mes chères âmes ?


3 mai. — À minuit, le rossignol. En même temps j’entendais Jeanne endormie dire en rêvant : Papa.