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Comte Bresson. — Soyons sévères, mais ne soyons pas excessifs. M. Teste est frappé. N’ajoutons rien à cette misère. Point de prison.

Barthe. — La loi ne demande pas d’emprisonnement, mais elle ne l’exclut pas. La peine est facultative. Crime éclatant, répression éclatante. Trois ans.

Baron Neigre. — Réserve son vote.

Camtc Desroys. — L’emprisonnement jusqu’à parfait paiement de l’amende.

Cousin.Les magistrats vont trop loin dans leur culte de la loi. Je veux être juste, ni indulgent, ni barbare. Cinq ans ! à ce vieillard ! — Va produire, dit-il, un argument nouveau, mais décisif. L’amende est tout. Elle est obligatoire. L’emprisonnement est facultatif. Il fallait l’amende. On peut s’en tenir là. Cependant M. Teste ne peut pas se promener dans quinze jours au Luxembourg ou aux Tuileries. Trois ans.

Baron Atthelin. — Songe aux autres accusés. — Le maximum. Cinq ans.

Barthélemy. — Ne voit rien d’atténuant. Deux ans.

Vicomte Dubouchage. — C’est le plus coupable. Il a pris de l’argent sans faire une chose injuste. Cela aggrave son crime. C’est lui qui est cause que nous jurons cette scandaleuse affaire. S’il avait voulu rapporter seulement le tiers de la somme, point de procès. Il est infâme. Trois ans.

Vicomte Dode. — La cour doit être d’accord avec elle-même. Elle a atténué l’amende, elle doit atténuer la prison. Trois ans.

Duc de Coigny. — Voudrait ne pas être cruel, voudrait pouvoir dire : pas de prison ! Mais ce serait un grand scandale de voir l’accusé se promener dans les rues de Paris. Un an de prison.

Comte Portalis. — L’application entière de la loi. Ne point user de notre toute-puissance en ce cas. Il a voté l’amende. Mais la prison est facultative. M. Barthe a démontré qu’elle ne pouvait point être une aggravation pour les délits les moins graves. On est libre d’appliquer cette peine ou de ne point l’appliquer. (Avec des larmes.) L’arrêt ne peut contenir une omission, j’en suis déchiré, mais je vote la prison. Trois ans.

Comte de Pontécoulant. — Cinq ans. (M. de Pontécoulant a 85 ans.)

Baron de Barante. — Désirerait user avec indulgence de la faculté que lui laisse la loi. Mais votera la prison parce qu’on a dit que la prison était bonne pour d’autres délinquants. Veut l’égalité des peines. Regrette qu’on ait parlé de cruauté. Un an de prison.

Duc Decazes. — Ne veut exercer aucune influence sur ses collègues. Est dans une position spéciale à cause de ses devoirs comme référendaire. Il voit tous les jours l’accusé. Il serait accessible à la pitié. Mais non. Le crime est trop grand. Raconte ses conversations avec Teste. (Interruptions : Toujours des commérages !) Trois ans.

Baron Séguier. — Teste a menti dans sa défense. Point de grâce. Il a eu du talent dans sa défense. Je m’en défiais quand il était avocat. Il faisait toujours des crochets à droite et à gauche, Qu’a-t-il fait ? Un premier crime. Puis un deuxième. Ce suicide. Sénèque s’est tué, mais Socrate sut attendre la mort, Cicéron a écrit contre la mort volontaire. Teste a offensé celui dont l’image nous manque ici, dans cette salle où siège la première cour de justice du monde. Teste a mis crime sur crime. Je veux qu’il soit en prison. Le maximum ne passera pas. Cependant, je dis les cinq ans.

Comte Molé. — Nous n’avons point de jurisprudence. C’est la première fois qu’un tel cas se présente, et le cas est énorme. La prison est un maximum. Il faut un maximum. Trois ans. À cause de l’âge, sans quoi il voterait toute la peine.

Duc de Brissac. — À cause de l’âge, se borne à trois ans.

M. le Chancelier.J’ai le cœur brisé, je le voyais tous les jours, pardonnez-moi quelque faiblesse dans mon vote. Trois ans.

Le général Neigre, qui s’était réservé : trois ans.

2e tour : Trois ans à la majorité.