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Pierre Leroux : un de ces hommes dont l’esprit bégaie.




Lucien Murat : un ventre.




X

LA MENNAIS.


L’abbé de La Mennais, figure de fouine, avec l’œil de l’aigle, cravate de couleur en coton mal nouée, redingote brune usée, vaste pantalon de nankin, trop court, bas bleus, gros souliers. La décoration de représentant à la boutonnière. Voix si faible qu’on vient se grouper au pied de la tribune pour l’entendre et qu’on l’entend à peine.

Après les journées de Juin, Blaise, le neveu de La Mennais, s’en va voir son oncle pour lui dire : — Je me porte bien. — Blaise était un officier de la garde nationale. Du plus loin que l’abbé de La Mennais l’aperçoit, il lui crie, sans même donner à Blaise le temps d’ouvrir la bouche : — Va-t’en ! tu me fais horreur, toi qui viens de tirer sur des pauvres !

Le mot est beau.

La Mennais siège à la troisième place du troisième banc de la Montagne, seconde travée à gauche du président, à côté de Jean Reynaud. Il a son chapeau devant lui et, comme il est petit, son chapeau le cache. Il passe son temps à se rogner les ongles avec un canif.

Il a longtemps demeuré quartier Beaujon, tout à côté de Théophile Gautier. Delaage allait de l’un chez l’autre. Gautier lui disait en parlant de La Mennais : — Va-t’en voir ton vieux dans ses nuages.




XI

LÉON FAUCHER.


Janvier 1848.

M. Léon Faucher, le nouveau ministre de l’intérieur, est à la fois absolu et médiocre. M. de Larochejaquelein me disait : — Il est tranchant, non comme une lame de sabre, mais comme un couteau de cuisine.