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NOTES SUR LES JOURNÉES DE FÉVRIER.


[NUIT DU 23 AU 24 FÉVRIER.]


Ouvre la fenêtre. — Écoute. — Oui, c’est le tocsin.

Le roi a dit dans la nuit à trois heures du matin au colonel… aide de camp : — Il faut faire taire ces polissons qui sonnent le tocsin. — Cependant fait réveiller la reine.

La famille royale passe le reste de la nuit au balcon et l’angoisse croît avec le jour.




Le jeudi matin j’entendais chanter dans les barricades :

Mais on dit qu’en quatre vingt-treize.
Il vota la mort de Louis seize.
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment,
Cadet-Roussel est bon enfant !

Le citoyen Égalité
Veut qu’on l’appelle majesté.
Ma foi, cela me paraît drôle,
Lui qui dansait la Carmagnole !
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment, etc.




[LE PILLAGE DU MAGASIN LEPAGE.]


Voici comment le magasin de Lepage, rue Richelieu, fut forcé le 24 au matin. La devanture était fermée. Cette devanture était doublée de fer en dedans et en dehors ; en outre, en arrière des volets, l’armurier Lepage, dans la prévision des émeutes, avait fait poser un rideau de tôle pareil aux rideaux de fer des théâtres pour les cas d’incendie. Ce rideau, manœuvré comme une toile d’avant-scène, se lève et s’abaisse à volonté, tout d’une pièce. Le rideau du magasin Lepage était baissé et faisait une seconde armature derrière la