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d’Aumale. Je te ferai attacher. Pourquoi gesticules-tu comme cela ? — Je ne m’en aperçois pas, disait la princesse. — Le prince me dit un jour : — Cela est vrai, elle a raison. Elle ne s’en aperçoit pas. Tenez, vous ne le croiriez pas, ma mère, si grave, si froide, si réservée tant qu’elle parle français, si par hasard elle se met à parler napolitain, se met à gesticuler comme Polichinelle !




VI


1847.

M. le duc de Montpensier salue gracieusement et gaiement tous les passants ; M. le duc d’Aumale, le moins qu’il peut ; on dit à Neuilly qu’il a peur de déranger sa coiffure ; il soulève seulement le bord de son chapeau ; M. le duc de Nemours n’y met ni autant d’empressement que M. de Montpensier, ni autant de répugnance que M. d’Aumale. Du reste, les femmes disent qu’en les saluant il les regarde « d’une manière gênante ».




VII


9 avril 1847

Tous les jours en cette saison les princes vont à Neuilly. M. et Mme  de Montpensier passent rue de Chartres chaque matin en voiture à quatre chevaux, toujours ensemble, toujours riant, causant, gesticulant, et parfois se baisant, heureux et amoureux. M. de Nemours arrive à cheval, seul avec un domestique. Mme  de Nemours vient en voiture à deux chevaux et promène ses enfants.

M. le comte de Paris, qui a bientôt neuf ans, court et galope à cheval dans le parc, jouant ou parlant très haut, criant après son petit frère de Chartres, et se plaignant qu’on va trop lentement. M. le comte de Paris est d’une gracieuse figure, il est vif et gai, et mange toujours allègrement quelque grosse brioche où il mord à belles dents.

Il y a trois ans, en juin 1844, Mme  la duchesse d’Elchingen eut l’idée de faire pour son jeune fils qui s’appelle Michel Ney un livre-souvenir. Elle pria Mme  la duchesse d’Orléans d’écrire une ligne sur la première page. Mme  la duchesse d’Orléans écrivit :

— La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse. — Seulement principe est la traduction protestante. Notre version catholique dit : est le commen-