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ment pour la conversion des rentes, je lui disais, si c’était en été : — Monsieur Humann, venez avec moi à Eu. Nous prendrons une calèche ou un char à bancs, et nous causerons en nous promenant dans la forêt. Nous partions pour la ville d’Eu, je faisais mettre les chevaux à la voiture, et nous nous en allions par le bois, lui pérorant, moi regardant les arbres, cela durait toute la journée, et je m’en revenais le soir après avoir promené M. Humann.

Je n’aime pas le système des finances en France. Je suis payé pour m’en plaindre. C’est-à-dire pas payé. L’arriéré me doit soixante-quinze millions dont je n’aurai jamais un sou. On me doit pour la principauté de Dombes, pour Gaillon, pour Vernon. On me doit pour Rambouillet. J’en ai fait mon deuil, mais cela m’impatiente d’être accusé quand c’est moi qui devrais réclamer et récriminer. Enfin, n’importe ! Monsieur Hugo, si vous saviez comme les choses se passent quelquefois au conseil ! Le traité du droit de visite, ce fameux droit de visite ! croiriez-vous cela ? n’a pas même été lu en conseil. Le maréchal Sébastiani, alors ministre, disait : — Mais, messieurs, lisez donc le traité. — Je disais : — Mes chers ministres, mais lisez donc le traité. — Bah ! nous n’avons pas le temps, nous savons ce que c’est. Que le roi signe ! disaient-ils. — Et j’ai signé.