Scène II.
Ce vieillard m’a maudit !… — Pendant qu’il me parlait,
Pendant qu’il me criait : — Oh ! sois maudit, valet ! —
Je raillais sa douleur, — oh ! oui, j’étais infâme,
Je riais, mais j’avais l’épouvante dans l’âme. —
Il va s’asseoir sur le petit banc près de la table de pierre.
Maudit !
Profondément rêveur et la main sur son front.
Ah ! la nature et les hommes m’ont fait
Bien méchant, bien cruel et bien lâche en effet.
Ô rage ! être bouffon ! ô rage ! être difforme !
Toujours cette pensée ! et, qu’on veille ou qu’on dorme,
Quand du monde en rêvant vous avez fait le tour,
Retomber sur ceci : Je suis bouffon de cour !
Ne vouloir, ne pouvoir, ne devoir et ne faire
Que rire ! — Quel excès d’opprobre et de misère !
Quoi ! ce qu’ont les soldats ramassés en troupeau
Autour de ce haillon qu’ils appellent drapeau,