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Dona Lucrezia, tombant anéantie sur le fauteuil.

Ô mon Dieu ! mon Dieu !

Gennaro.

Ne vous appelez-vous pas Lucrèce Borgia ? — Est-ce que vous croyez que je ne me souviens pas du frère de Bajazet ? Oui, je sais un peu d’histoire ! On lui fit accroire, à lui aussi, qu’il était empoisonné par Charles VIII, et on lui donna un contre-poison dont il mourut. Et la main qui lui présenta le contre-poison, la voilà, elle tient cette fiole. Et la bouche qui lui dit de le boire, la voici, elle me parle !

Dona Lucrezia.

Misérable femme que je suis !

Gennaro.

Écoutez, madame, je ne me méprends pas à vos semblants d’amour. Vous avez quelque sinistre dessein sur moi. Cela est visible. Vous devez savoir qui je suis. Tenez, dans ce moment-ci, cela se lit sur votre visage que vous le savez, et il est aisé de voir que vous avez quelque insurmontable rai-