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Resté bouffon, cachant mon trouble intérieur,
Pleurant des pleurs de sang sous mon masque rieur.

Examinant une porte basse dans la devanture de la maison.

Cette porte… — Oh ! tenir et toucher sa vengeance ! —
C’est bien par là qu’ils vont me l’apporter, je pense !
Il n’est pas l’heure encor. Je reviens cependant.
Oui, je regarderai la porte en attendant.
Oui, c’est toujours cela. —

Il tonne.

Oui, c’est toujours cela. —Quel temps ! nuit de mystère !
Une tempête au ciel ! un meurtre sur la terre !
Que je suis grand ici ! ma colère de feu
Va de pair cette nuit avec celle de Dieu.
Quel roi je tue ! — un roi dont vingt autres dépendent,
Des mains de qui la paix ou la guerre s’épandent !
Il porte maintenant le poids du monde entier.
Quand il n’y sera plus, comme tout va plier !
Quand j’aurai retiré ce pivot, la secousse
Sera forte et terrible, et ma main qui la pousse
Ébranlera longtemps toute l’Europe en pleurs,
Contrainte de chercher son équilibre ailleurs ! —
Songer que si demain Dieu disait à la terre :
— Ô terre, quel volcan vient d’ouvrir son cratère ?
Qui donc émeut ainsi le chrétien, l’ottoman,
Clément-Sept, Doria, Charles-Quint, Soliman ?
Quel César, quel Jésus, quel guerrier, quel apôtre,
Jette les nations ainsi l’une sur l’autre ?