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Et qui n’a pas d’épée, a des ongles, messieurs !
— Voici longtemps déjà que j’attends, il me semble !
Rendez-la-moi ! — La porte ! ouvrez-la !

Il se jette de nouveau en furieux sur la porte, que défendent tous les gentilshommes. Il lutte contre eux quelques temps et revient enfin tomber sur le devant du théâtre, épuisé, haletant, à genoux.

Rendez-la-moi ! — La porte ! ouvrez-la ! Tous ensemble
Contre moi ! dix contre un !

Fondant en larmes et en sanglots.

Contre moi ! dix contre un ! Hé bien ! je pleure, oui !
À Marot.
Marot, tu t’es de moi bien assez réjoui.
Si tu gardes une âme, une tête inspirée,
Un cœur d’homme du peuple, encor, sous ta livrée,
Où me l’ont-ils cachée, et qu’en ont-ils fait, dis ?
Elle est là, n’est-ce pas ? Oh ! parmi ces maudits,
Faisons cause commune en frères que nous sommes !
Toi seul as de l’esprit dans tous ces gentilshommes.
Marot ! mon bon Marot ! — Tu te tais !
Marot ! mon bon Marot ! — Se traînant vers les seigneurs.
Marot ! mon bon Marot ! — Tu te tais ! Oh ! voyez !
Je demande pardon, messeigneurs, sous vos pieds !
Je suis malade… Ayez pitié, je vous en prie !
— J’aurais un autre jour mieux pris l’espièglerie.
Mais, voyez-vous, souvent j’ai, quand je fais un pas,
Bien des maux dans le corps dont je ne parle pas.
On a comme cela ses mauvaises journées
Quand on est contrefait. — Depuis bien des années,
Je suis votre bouffon : Je demande merci !
Grâce ! ne brisez pas votre hochet ainsi ! —