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Le lendemain fut consacré aux préparatifs de départ. N'ayant plus nos chameaux avec nous, nous louâmes une charrette pour transporter nos bagages. En annonçant notre départ au chef de la Maison de repos, nous lui réclamâmes notre tente de voyage, qu'il nous avait empruntée depuis une douzaine de jours, pour aller faire une partie de plaisir avec ses amis, dans la Terre des herbes ; il nous répondit qu'il allait nous l'envoyer à l'instant, qu'elle était déposée chez un de ses amis. Nous attendîmes, mais toujours vainement ; la nuit arriva sans que la tente parût. Enfin on nous dit que l'individu n'était pas chez lui, qu'il serait de retour dans deux jours, et que la tente nous serait envoyée à la lamaserie. Sandara avait affecté de garder le silence au sujet de cette affaire ; mais, quand fut venue la nuit, voyant que tout n'était pas encore prêt, il ne put davantage contenir son impatience. — On voit bien, nous dit-il, que vous êtes des gens d'un autre monde ; est-ce que vous ne comprenez pas que votre tente est au Mont-de-Piété ? — Au Mont-de-Piété ? Pas possible ! — La chose est pour moi plus que probable ; le Hoeï-Hoeï aura eu besoin d'argent pour payer ses dettes à la fin de la douzième lune ; il a été fort heureux de vous avoir chez lui ; il vous a emprunté votre tente ; mais au lieu d'aller faire une partie de plaisir, soyez sûrs qu'il l'a portée tout droit au Tang-Pou. Maintenant il n'a pas d'argent pour la retirer .... Tenez, faites-le venir ici ; je vais moi-même l'interpeller, nous verrons. — Nous le fîmes prier de venir. Aussitôt qu'il fut dans notre chambre, Sandara-le-Barbu prit la parole avec une imposante solennité. — Écoute-moi, lui dit-il, ce soir j'ai à te dire quelques paroles. Toi, tu es un