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foule innombrable de petites tresses qu'elles laissent flotter sur leurs épaules. Elles appliquent ensuite sur leur tête, une grande plaque en argent, assez semblable à une assiette. Les plus élégantes en mettent deux, une de chaque côté, de façon que les deux extrémités aillent se rencontrer au-dessus de la tête. Le précepte de se barbouiller la figure en noir, n'existe pas pour les femmes de Lithang. Ce genre de toilette n'est en vigueur que dans les pays qui sont temporellement soumis au Talé-Lama.

La plus importante des lamaseries de Lithang, possède une grande imprimerie pour les livres bouddhiques. C'est là qu'aux jours de fête, les Lamas des contrées voisines vont s'approvisionner. Lithang fait encore un assez grand commerce de poudre d'or, de chapelets à grains noirs, et d'écuelles fabriquées avec des racines de vignes et de buis.

Au moment où nous sortîmes de Lithang, la garnison chinoise se trouva sous les armes, pour rendre les honneurs militaires à Ly-Kouo-Ngan. On n'en fit ni plus ni moins que s'il eût été en vie. Quand le cercueil passa, tous les soldats fléchirent le genou et s'écrièrent : Au Tou-Sse, Ly-Kouo-Ngan, la chétive garnison de Lithang, salut et prospérité ... Le petit Mandarin, à globule blanc, qui était devenu notre conducteur, rendit le salut à la garnison au nom du défunt. Ce nouveau chef de la caravane était un Chinois d'origine musulmane. On ne trouvait dans toute sa personne rien qui parût tenir le moins du monde du beau type de ses ancêtres : son corps mince et rabougri, sa figure pointue et goguenarde, sa voix de fausset, son étourderie, tout contribuait à lui donner la tournure d'un petit garçon de boutique, mais pas du tout celle d'un Mandarin militaire. Il