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jusqu'à la capitale du Sse-Tchouen. — Bon ! dîmes-nous, puisque vous ne pouvez pas nous donner un Mandarin, dans ce cas, nous allons voyager comme nous l'entendons, et aller où il nous plaira. Nous ne répondons même pas de ne pas reprendre en sortant d'ici la route de Lha-Ssa. Vous voyez que nous y allons franchement ; réfléchissez. — Nos quatre magistrats se levèrent, en disant qu'ils allaient délibérer sur cette importante affaire, et que dans la soirée nous aurions une réponse.

Pendant notre souper, un Pa-Tsoung, l'un des quatre Mandarins, se présenta en costume de cérémonie. Après les politesses d'usage, il nous annonça qu'il avait été désigné pour commander notre escorte jusqu'aux frontières ; que jamais, dans ses rêves d'ambition, il n'avait songé à l'honneur de conduire des gens de notre espèce ; qu'il était confus d'avoir, dès le premier jour, à nous demander une faveur : c'était celle de vouloir bien nous reposer pendant deux jours à Lithang, afin de réparer un peu nos forces, qui devaient être épuisées par une si longue et si pénible route ... Nous comprimes que notre homme avait besoin de deux jours pour terminer quelques affaires, et se disposer à un voyage qu'il n'avait pas prévu. — Voilà, lui répondîmes-nous, que ton cœur est déjà plein de sollicitude pour nous ! Nous nous reposerons donc pendant deux jours, puisque tu trouves que ce sera bien ainsi ... Le pouvoir ayant été de nouveau constitué, notre dictature cessa. Mais nous crûmes nous apercevoir que cela plaisait fort peu à nos gens, qui eussent bien mieux aimé avoir affaire à nous qu'à un Mandarin.

La ville de Lithang est bâtie sur les flancs d'un coteau