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imprimées en noir. Les Thibétains et autres Bouddhistes ont une confiance illimitée dans les suaires imprimés qui sont distribués par le Talé-Lama et le Bandchan-Remboutchi. Ils sont persuadés que ceux qui ont le bonheur d'y être enveloppés après leur mort, ne peuvent manquer d'avoir une heureuse transmigration.

Par la mort de Ly-Kouo-Ngan, la caravane se trouva sans chef et sans conducteur. Il y avait bien le Lama Dsiamdchang, à qui le pouvoir eût dû revenir de droit et par une succession légitime ; mais les soldats chinois n'étant que très-peu disposés à reconnaître son autorité, nous passâmes de l'état monarchique à la forme républicaine démocratique. Cet état de choses dura tout au plus une demi-journée. Nous étant aperçus que les gens de la caravane, soit Thibétains, soit Chinois, n'étaient pas encore mûrs pour un gouvernement si parfait ; considérant que l'anarchie débordait de toutes parts, et que les affaires menaçaient d'aller à la débandade ; n'envisageant enfin que l'intérêt public, et voulant assurer le salut de la caravane, nous nous emparâmes de la dictature. Nous lançâmes immédiatement force décrets, afin que tout fût prêt le lendemain à la pointe du jour pour nous remettre en route. Le besoin d'être gouverné se faisait tellement sentir, que personne ne s'avisa de faire de l'opposition, et que nous fûmes obéis ponctuellement.

A l'heure fixée, nous nous éloignâmes de Samba. La caravane avait un aspect mélancolique et sombre. Avec ses trois cadavres, elle ressemblait absolument à un convoi funèbre. Après trois jours de marche à travers des montagnes, où nous rencontrâmes, à l'ordinaire, du vent, de la