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où l'on puisse passer avec quelque sécurité le grand fleuve Kin-Cha-Kiang.

Notre première journée de marche, en nous éloignant de Bathang, fut pleine de charmes ; car nous cheminâmes avec une douce température, à travers des paysages d'une ravissante variété. L'étroit sentier que nous suivions, était continuellement bordé de saules, de grenadiers et d'abricotiers en fleurs. Le jour suivant, nous retombâmes au milieu des horreurs et des dangers de notre ancien routier. Nous eûmes à gravir une montagne extrêmement élevée, sur laquelle nous fûmes impitoyablement battus par la neige et le vent du nord. C'était une véritable réaction contre le sybaritisme que nous avions savouré dans la plaine tiède et fleurie de Bathang. Au pied de la montagne, la neige fut remplacée par une pluie abondante et glaciale, qui s'infiltrait jusqu'à la moelle des os. Pour comble d'infortune, nous fûmes forcés de passer la nuit dans une habitation dont le toit, largement crevassé en plusieurs endroits, donnait un libre passage au vent et à la pluie. Nous étions cependant tellement exténués de fatigue, que cela ne nous empêcha pas trop de dormir. Le lendemain, noirs nous éveillâmes dans la boue ; nous trouvâmes nos couvertures entièrement imbibées, et nos membres raidis par le froid. Nous fûmes obligés de nous frictionner violemment avec des morceaux de glace, pour faire reprendre au sang sa circulation. L'abominable hameau qui nous procura cet affreux logis, porte le nom de Ta-So.

En sortant de la vallée de Ta-So, on monte, par une