sur notre route, depuis notre départ de Lha-Ssa. Le vieux et le jeune Houtouktou nous envoyèrent l'un et l'autre une écharpe de félicité, avec une bonne provision de beurre et de quartiers de mouton.
Nous nous arrêtâmes à Tsiamdo pendant trois jours ; car notre conducteur, le Pacificateur des royaumes, avait un besoin urgent de repos. Les fatigues de cette pénible route avaient sensiblement altéré sa santé. Ses jambes s'étaient tellement enflées, qu'il ne pouvait plus monter à cheval ni en descendre, sans le secours de plusieurs personnes. Les médecins et les sorciers de Tsiamdo, que l'on consulta, donnèrent des réponses dont le sens le plus clair était, que si cette maladie diminuait, cela ne serait pas grand'chose, mais que, si elle empirait, cela pourrait devenir sérieux. Les gens les plus raisonnables conseillaient à Ly-Kouo-Ngan de continuer sa route en palanquin. Un Mandarin chinois du lieu voulait lui vendre le sien, et lui procurer des porteurs. Ce parti était, sans contredit, plein de prudence ; mais l'avarice se mit en travers, et le malade protesta qu'il se fatiguerait bien davantage en palanquin qu'à cheval.
A la maladie de Ly-Kouo-Ngan, était venue encore se joindre une autre cause de retard. Une caravane chinoise partie de Lha-Ssa quelques jours après nous, était parvenue à Tsiamdo le soir même de notre arrivée. Cette caravane se composait d'un Liang-Taï ou fournisseur de vivres, de son fils jeune homme de dix-huit ans, et d'une nombreuse suite de soldats et de domestiques. Nous voulûmes les laisser passer devant ; car, en voyageant ensemble, il eût été à craindre de ne pas trouver des logements et des oulah suffisants pour une aussi grande multitude. Le Liang-Taï