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des cris et des gémissements, comme si on lui eût arraché les yeux. Le lendemain, il fut impossible de se mettre en route. Le Lama Dsiam-Dchang, qui était quelque peu apothicaire, fit une distribution générale de médicaments. On fabriqua des collyres de toute espèce, et tout le monde passa la journée avec les yeux bandés.

Grâce aux drogues du Lama, le lendemain nous pûmes rouvrir les yeux et continuer notre route. Trois étapes nous séparaient de Tsiamdo ; elles furent pénibles et irritantes, car nous fûmes obligés de passer sur une multitude de ces détestables ponts de bois, suspendus au-dessus des torrents, des rivières et des précipices. Le souvenir de la récente catastrophe de Kia-Yu-Kiao, nous poursuivait sans cesse. Après avoir suivi pendant vingt lis un étroit sentier, sur les bords escarpés du grand fleuve nommé Khiang-Tang-Tchou, nous arrivâmes enfin à Tsiamdo. Il y avait trente-six jours que nous étions partis de Lha-Ssa ; d'après l'Itinéraire chinois nous avions parcouru environ deux mille cinq cents lis (deux cent cinquante lieues).


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