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deux mille lis (deux cent lieues). Ordinairement les dépêches ne mettent que trente jours pour aller de Lha-Ssa à Péking : cette célérité ne paraîtra pas sans doute prodigieuse, surtout si on la compare à celle des courriers d'Europe ; mais, si l'on fait attention à l'excessive difficulté des chemins, on la trouvera peut-être assez étonnante. Les estafettes accélérées, qui font le service des postes dans le Thibet, voyagent jour et nuit ; ils sont toujours deux, un soldat chinois et un guide thibétain. À chaque cent lis à peu près, ils trouvent sur la route des chevaux de rechange, mais les hommes se remplacent moins souvent. Ces courriers voyagent attachés sur leurs selles avec de larges courroies. Ils ont l'habitude d'observer un jour de jeûne rigoureux avant de monter à cheval ; et pendant tout le temps qu'ils sont en course, ils se contentent d'avaler deux œufs à la coque chaque fois qu'ils arrivent à un relais. Les hommes qui font ce pénible métier, parviennent rarement à un âge avancé : beaucoup se précipitent dans les abîmes, ou demeurent ensevelis sous la neige. Ceux qui échappent aux accidents de la route, meurent victimes des maladies qu'ils contractent facilement au milieu de ces contrées meurtrières. Nous n'avons jamais compris comment ces courriers pouvaient voyager de nuit parmi ces montagnes du Thibet, où presque à chaque pas on rencontre d'affreux précipices.

On remarque à Chobando, deux couvents bouddhiques, où résident de nombreux Lamas appartenant à la secte du bonnet jaune. Dans un de ces couvents, il y a une grande imprimerie, qui fournit les livres sacrés aux lamaseries de la province de Kham.