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Nous rencontrâmes plusieurs tentes noires, et de nombreux troupeaux de bœufs à long poil. Après cent lis de marche, nous arrivâmes à Chobando.

Chobando est une petite ville dont les maisons et les lamaseries, peintes avec une dissolution d'ocré rouge, offrent de loin un aspect bizarre et assez agréable. La ville est adossée à une montagne, et se trouve enfermée, sur le devant, par une rivière peu large, mais profonde : on la passe sur un pont de bois, qui tremble et gémit sous les pas des voyageurs, et parait à chaque instant vouloir se disloquer. Chobando est le poste militaire le plus important qu'on rencontre après avoir quitté Lha-Ri : il est composé de vingt-cinq soldats et d'un officier portant le titre de Tsien-Tsoung. Ce Mandarin militaire était un ami intime de Ly, le Pacificateur des royaumes : ils avaient servi ensemble pendant plusieurs années sur les frontières du Gorkha. Nous fûmes invités à souper chez le Tsien-Tsoung, qui trouva le moyen de nous servir, au milieu de ces contrées sauvages et montagneuses, un repas splendide, où étaient étalées des friandises chinoises de toutes sortes. Pendant le souper, les deux frères d'armes se donnèrent la satisfaction de parler longuement de leurs vieilles aventures.

Au moment où nous allions nous coucher, deux cavaliers, portant une ceinture garnie de grelots, arrivèrent dans la cour de l'hôtellerie ; ils s'arrêtèrent quelques minutes et repartirent au grand galop. On nous dit que c'était le courrier extraordinaire, porteur des dépêches que l'ambassadeur Ki-Chan envoyait à Péking. Il était parti de Lha-Ssa depuis six jours seulement, et avait déjà parcouru plus de