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beaucoup du nôtre. Les Tartares et les Thibétains connaissent aussi les échecs ; et, chose étonnante, leur échiquier est absolument semblable au nôtre ; leurs pièces, quoique de forme différente, ont la même valeur que les nôtres, et suivent la même marche ; enfin, les règles du jeu sont en tout point identiques. Ce qu'il y a encore de plus surprenant, c'est que ces peuples disent Chik, lorsqu'ils font échec à une pièce, et mat, lorsque la partie est terminée. Ces expressions, qui ne sont ni thibétaines, ni mongoles, sont néanmoins employées par tout le monde, sans que personne puisse expliquer leur origine et leur véritable signification. Les Thibétains et les Tartares n'étaient pas peu surpris, quand nous leur apprenions que, dans notre pays, on disait également échec et mat. Il serait assez curieux de faire l'archéologie du jeu d'échecs, de rechercher son origine, sa marche chez les différents peuples, son introduction dans la haute Asie avec les mêmes règles et les mêmes locutions techniques qu'on retrouve en Europe. Ce travail appartient de droit au Palamède, Revue française des échecs. Nous avons rencontré, parmi les Tartares, des joueurs d'échecs de la première force ; ils jouent brusquement, et avec moins d'application que les Européens, mais leurs coups n'en sont pas moins sûrs.

Après trois jours de repos, le Dhéba de Lang-Ki-Tsoung nous ayant annoncé que les bœufs à long poil, avaient suffisamment foulé les sentiers de la montagne, nous nous mimes en route ; le ciel était sombre, et le vent soufflait avec assez de force. Dès que nous fûmes arrivés au pied du Tanda, nous aperçûmes une longue traînée noirâtre, qui, semblable à une immense chenille, se mouvait lentement