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Quoique ce fait soit fabuleux, il ne démontre pas moins l'existence d'un animal à une seule corne dans les hautes montagnes du Thibet. Il y a aussi, dans ce pays, des lieux qui tirent leur nom du grand nombre de ces animaux, qui y vivent par troupeaux, tels que le canton de Serou-Dziong, c'est-à-dire Village de la Rive des Licornes, situé dans la partie orientale de la province de Kham, vers la frontière de la Chine.

Un manuscrit thibétain, que feu le major Lattre a eu l'occasion d'examiner, appelle la licorne le tsopo à une corne. Une corne de cet animal fut envoyée à Calcutta ; elle avait cinquante centimètres de longueur, et onze centimètres de circonférence ; depuis la racine, elle allait en diminuant, et se terminait en pointe. Elle était presque droite, noire, et un peu aplatie des deux côtés ; elle avait quinze anneaux, mais ils n'étaient proéminents que d'un côté.

H. Hodgson, résident anglais dans le Népal, est enfin parvenu à se procurer une licorne, et a fixé indubitablement la question relative à l'existence de cette espèce d'antilope, appelée tchirou, dans le Thibet méridional qui confine au Népal. C'est le même mot que serou, prononcé autrement suivant les dialectes différents du nord et du midi.

La peau et la corne, envoyées à Calcutta par M. Hodgson, appartenaient à une licorne morte dans la ménagerie du Radjah du Népal. Elle avait été présentée à ce prince par le Lama de Digourtchi (Jikazze), qui l'aimait beaucoup. Les gens qui amenèrent l'animal au Népal, informèrent M. Hodgson que le tchirou se plaisait principalement dans