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il montera rapidement les degrés du mandarinat militaire : mais le Wei-Wei est né sous un mauvais brouillard ; depuis qu'il s'est passionné pour la fumée européenne, le ciel l'a abandonné. Avant qu'une année se soit écoulée, il aura salué le monde.

La pluie torrentielle qui tomba presque sans interruption, pendant notre séjour à Ghiamda, ne nous permit pas de visiter en détail cette ville très - populeuse et assez commerçante. On y rencontre un grand nombre de Pébouns ou Indiens du Boutan, qui exploitent, comme à Lha-Ssa, tout ce qui tient aux arts et à l'industrie. Les produits agricoles du pays sont presque nuls. On cultive, dans la vallée, de l'orge noire en quantité à peine suffisante pour la consommation des habitants. La richesse du pays provient de la laine et du poil de chèvre, dont on fabrique des étoffes. Il paraît que, parmi ces montagnes affreuses, il existe des pâturages excellents, où les Thibétains nourrissent de nombreux troupeaux. Le lapis lazuli, les cornes de cerf et la rhubarbe, sont l'objet d'un assez grand commerce avec Lha-Ssa et les provinces du Sse-Tchouen et du Yun-Nan. On prétend que c'est sur les montagnes qui environnent Ghiamda, qu'on recueille la meilleure qualité de rhubarbe. Ce district foisonne aussi en gibier de toute espèce. La forêt que nous traversâmes après avoir quitté le mont Loumma-Ri, est particulièrement remplie de perdreaux, de faisans, et de plusieurs variétés de poules sauvages. Les Thibétains ne savent tirer aucun parti de ces mets si recherchés par les gourmets d'Europe. Ils les mangent bouillis et sans aucune espèce d'assaisonnement. Les Chinois sont sur ce point, comme sur tout le reste, beaucoup