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quatre soldats et d'un sous-caporal. Ces hommes nourrissent quelques chevaux, et leur poste sert de relais aux courriers qui portent les dépêches de l'administration chinoise.

En rentrant à l'hôtellerie, nous rencontrâmes dans la vaste cour, qui le matin avait servi de théâtre, un tumultueux rassemblement d'hommes et d'animaux. On était occupé à recruter notre oulah, qui devait être de vingt-huit chevaux, de soixante-dix bœufs grognants, et de douze conducteurs. A l'entrée de la nuit, le Dhéba vint nous avertir que tout avait été organisé selon les saintes ordonnances du Talé-Lama, et que le lendemain nous pourrions nous mettre en route, tard ou de bonne heure, selon notre volonté.

Aussitôt que le jour parut, nous montâmes à cheval, et nous dimes adieu à Midchoukoung. Après quelques heures de marche, nous quittâmes, comme par l'extrémité d'un immense entonnoir, la grande vallée que nous avions suivie depuis Lha-Ssa, et nous entrâmes dans un rude et sauvage pays. Pendant cinq jours, nous voyageâmes continuellement dans un labyrinthe, allant tantôt à droite, tantôt à gauche, quelquefois revenant en quelque sorte sur nos pas, pour éviter des gouffres, et tourner des montagnes inaccessibles. Nous ne quittions jamais la profondeur des ravins ou les bords escarpés et rocailleux des torrents ; nos chevaux bondissaient plutôt qu'ils ne marchaient. Des animaux vigoureux, mais qui seraient étrangers à ces affreuses contrées, ne pourraient résister longtemps aux fatigues d'une semblable route. Pendant une demi-journée seulement nous pûmes voyager avec assez