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chevaux ; rien n'annonçait les tumultueux préparatifs du départ d'une caravane. Nous nous levâmes, et après avoir passé nos pouces sur nos yeux, nous ouvrîmes la porte de notre chambre pour voir où en étaient les affaires. Nous trouvâmes Ly-Kouo-Ngan et le Lama Dsiamdchang, assis à un angle de la cour, et se chauffant tranquillement aux rayons du soleil. Aussitôt qu'ils nous eurent aperçus, ils vinrent à nous, et prirent de nombreux détours pour nous annoncer qu'on serait obligé de s'arrêter une journée, parce qu'il y avait des difficultés à se procurer les chevaux et les bœufs de rechange. — Cette nouvelle est bien mauvaise, nous dirent-ils ; ce contretemps est très-fâcheux ; mais nous n'y pouvons rien : la circonstance des fêtes du nouvel an est la seule cause de ce retard. — Au contraire, leur répondîmes-nous, cette nouvelle est excellente ; nous autres, nous ne sommes nullement pressés d'arriver. Allons tout doucement, reposons-nous souvent en route, et tout ira bien. — Ces paroles tirèrent nos deux chefs d'escorte d'un grand embarras. Ces bonnes gens s'étaient imaginé que nous allions leur chercher querelle, parce qu'il fallait se reposer un jour ; ils se trompaient énormément. Si, dans nos voyages précédents, des retards avaient été pour nous des contradictions quelquefois très-douloureuses, c'est que nous avions un but devant nous, et que nous avions hâte de l'atteindre. Mais pour le moment ce n'était pas le même cas, et nous désirions, autant que possible, voyager un peu en amateurs. Nous trouvions d'ailleurs qu'il n'était pas logique de nous en aller en courant d'un lieu dont on nous chassait.

Midchoukoung est un poste où l'on change les oulah,