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cela ? Après ces adieux si pleins d'onction et de tendresse, tout le monde monta à cheval, et l'escadron se mit en marche à travers les rues de Lha-Ssa, ayant soin de choisir les endroits les moins encombrés de Lamas.

Quand nous fûmes hors de la ville, nous aperçûmes un groupe assez nombreux qui paraissait nous attendre ; c'étaient des habitants de Lha-Ssa, avec lesquels nous avions eu des relations assez intimes pendant notre séjour dans cette ville. La plupart d'entre eux avaient commencé à s'instruire des vérités du christianisme, et nous avaient paru sincèrement disposés à embrasser notre sainte religion ; ils s'étaient rassemblés sur notre passage, pour nous saluer et nous offrir un Khata d'adieu. Nous remarquâmes au milieu d'eux le jeune médecin, portant toujours sur sa poitrine la croix que nous lui avions donnée. Nous descendîmes de cheval pour adresser à ces cœurs chrétiens quelques paroles de consolation ; nous les exhortâmes à renoncer courageusement au culte superstitieux de Bouddha, pour adorer le Dieu des chrétiens, et à être toujours pleins de confiance en sa miséricorde infinie. O ! qu'il fut cruel, le moment où nous fûmes obliges de nous séparer de ces bien-aimés catéchumènes, auxquels nous n'avions fait qu'indiquer la voie du salut éternel, sans pouvoir y diriger leurs premiers pas ! Hélas ! nous ne pouvions plus rien pour eux, rien, si ce n'est de prier la divine Providence d'avoir compassion de ces âmes rachetées par le sang de Jésus-Christ.

Au moment où nous remontions à cheval pour continuer notre route, nous aperçûmes un cavalier qui se dirigeait vers nous au grand galop ; c'était le gouverneur des