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Ki-Chan nous tira à l'écart pour nous dire quelques mots en particulier. — Dans peu de temps, nous dit-il, je dois quitter le Thibet (1)[1] et rentrer en Chine. Pour ne pas être trop chargé de bagage à mon départ, je fais partir deux grosses caisses par cette occasion ; elles sont recouvertes en peau de bœuf à long poil ... Il nous indiqua ensuite les caractères dont elles étaient marquées. — Ces deux caisses, ajouta-t-il, je vous les recommande. Tous les soirs, quand vous arriverez au relais, faites-les déposer dans l'endroit même où vous devrez passer la nuit. A Tching-Tou-Fou, capitale du Sse-Tchouen, vous les remettrez à Pao-Tchoung-Tang, Vice-Roi de la province. Veillez aussi avec soin sur vos effets ; car dans la route que vous allez suivre, il y a beaucoup de petits voleurs. — Après avoir donné à Ki-Chan l'assurance que nous nous souviendrions de sa recommandation, nous allâmes rejoindre Ly-Kouo-Ngan, qui nous attendait au seuil de la grande porte d'entrée.

C'est une chose assez curieuse que l'ambassadeur Chinois se soit avisé de nous confier son trésor, tandis qu'il avait à sa disposition un grand Mandarin qui naturellement était appelé par sa position à lui rendre ce service. Mais la jalousie dont Ki-Chan était animé à l'égard des étrangers,

  1. (1) Ki-Chan est en effet actuellement vice-roi de la province du Sse-Tchouen.
    — Au moment de notre départ de la Chine, nous avons appris que le nouvel empereur avait condamné à mort et fait exécuter le malheureux Ki-Chan. Il nous a été impossible de savoir de quel crime on l'avait accusé. — L'empire chinois a fait une grande perte et l'empereur s'est privé d'un homme d'état plein d'intelligence et de patriotisme (1852).