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Quand nous eûmes fini, Li-Kouo-Ngan nous avertit que tout était préparé pour le départ ; mais, qu'avant de se mettre en route, il était de son devoir de se rendre, avec sa compagnie de soldats, au palais de l'ambassadeur, pour prendre congé de lui. Il nous demanda si nous ne désirerions pas l'accompagner. — Volontiers ; lui répondîmes-nous, allons ensemble chez l'ambassadeur ; nous remplirons, toi, un devoir, et nous, une politesse.

Nous entrâmes, notre conducteur et nous, dans l'appartement où était Ki-Chan. Les quinze soldats s'arrêtèrent au seuil de la porte, et se rangèrent en file, après s'être prosternés et avoir frappé trois fois la terre de leur front. Le Pacificateur des royaumes en fit autant ; mais le pauvre malheureux ne put se relever qu'avec notre secours. Selon notre habitude, nous saluâmes en mettant notre bonnet sous le bras. Ki-Chan prit la parole, et nous fit à chacun une petite harangue.

S'adressant d'abord à nous, il prit un ton patelin et maniéré. — Voilà, nous dit-il, que vous allez retourner dans votre royaume ; je pense que vous n'aurez pas avons plaindre de moi, ma conduite à votre égard est irréprochable. Je ne vous permets pas de rester ici, mais c'est la volonté du grand Empereur et non la mienne ; je ne vous permets pas de suivre la route de l'Inde, parce que les lois de l'empire s'y opposent : s'il en était autrement, tout vieux que je suis, je vous accompagnerais moi-même jusqu'aux frontières. La route que vous allez suivre n'est pas si affreuse qu'on le prétend ; vous aurez, il est vrai, un peu de neige ; vous trouverez quelques montagnes élevées ; il y aura des journées froides ... Vous voyez que je ne vous cache pas la