Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/381

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui viennent dans le Thibet pour se perfectionner dans la science des prières, et obtenir les grades de la hiérarchie lamaïque, vont ordinairement se fixer à Préboung qui, à cause de cela, est quelquefois appelé dans le pays Couvent des Mongols.

Séra est situé au nord de Lha-Ssa, et tout au plus à une demi-lieue de distance de la ville. Les temples bouddhiques et les habitations des Lamas sont adossés au versant d'une montagne plantée de houx et de cyprès. C'est par là que passe la route suivie par les pèlerins qui viennent de la Tartarie. De loin, tous ces monuments rangés en amphithéâtre les uns au-dessus des autres, et se détachant sur le fond vert de la montagne, présentent à la vue un tableau attrayant et pittoresque. Ça et là, aux anfractuosités de la montagne, et bien au-dessus de la cité religieuse, on voit un grand nombre de cellules habitées par des Lamas contemplatifs, et où l'on ne peut parvenir qu'avec une grande difficulté. Le couvent de Sera est remarquable par trois grands temples à plusieurs étages, dont toutes les salles sont entièrement dorées. C'est de là que vient à la lamaserie le nom de Sera, du mot thibétain ser, qui veut dire or. Dans le principal de ces trois temples, on conserve religieusement le fameux tortché, ou instrument sanctificateur qui, selon la croyance des Bouddhistes, est venu de l'Inde, à travers les airs, se placer de lui-même dans le couvent de Sera. Cet instrument est en bronze ; sa forme ressemble grossièrement à celle d'un pilon : le milieu par où on le tient, est uni et cylindrique ; les deux extrémités sont renflées, affectent la forme ovoïde, et sont chargées de figures symboliques. Tous les Lamas doivent avoir un