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frits dans de l'huile de noix et quelques petites boules de beurre.

Sur les places principales et devant les monuments publics, on rencontre, du matin au soir, des troupes de comédiens et de bateleurs qui amusent le peuple par leurs représentations. Les Thibétains n'ont pas, comme les Chinois, des répertoires de pièces de théâtre ; leurs comédiens sont tous ensemble et continuellement, sur la scène, tantôt chantant et dansant, tantôt faisant des tours de force et d'adresse. Le ballet est l'exercice dans lequel ils paraissent exceller le plus. Ils valsent, ils bondissent, ils pirouettent avec une agilité vraiment étonnante. Leur costume se compose d'une toque surmontée de longues plumes de faisan, d'un masque noir orné d'une barbe blanche d'une prodigieuse longueur, d'un large pantalon blanc, et d'une tunique verte pendante jusqu'aux genoux, et serrée aux reins par une ceinture jaune. A cette tunique sont attachés, de distance en distance, de longs cordons, au bout desquels pendent de gros flocons de laine blanche. Quand l'acteur se balance en cadence, toutes ces houpes accompagnent avec grâce les mouvements de son corps ; et quand il se met à tournoyer, elles se dressent horizontalement, font la roue autour de l'individu, et semblent en quelque sorte accélérer la rapidité de ses pirouettes.

On voit encore à Lha-Ssa une espèce d'exercice gymnastique, nommé danse des esprits. Une longue corde, faite avec des lanières de cuir solidement tressées ensemble, est attachée au sommet du Bouddha-La, et descend jusqu'au pied de la montagne. Les esprits danseurs vont et viennent sur cette corde, avec une agilité qui ne peut