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Tout ce que nous pûmes dire pour adoucir la dureté de l’ambassadeur chinois fut inutile.

Pour lors nous laissâmes là notre ton suppliant, et nous déclarâmes au délégué de la cour de Péking que nous cédions à la violence, mais que nous dénoncerions à notre gouvernement : premièrement, que l’ambassadeur chinois installé à Lha-Ssa nous en avait arbitrairement et violemment chassés, sous le vain prétexte que nous étions étrangers et prédicateurs de la religion chrétienne, qu’il disait mauvaise et réprouvée par son Empereur. Secondement, que, contre tout droit et toute justice, il nous avait empêchés de suivre une route facile, directe, et de vingt-cinq jours seulement, pour nous traîner tyranniquement dans l’intérieur de la Chine, et nous faire subir les rigueurs d’un voyage de huit mois. Enfin que nous dénoncerions à notre gouvernement la barbarie avec laquelle on nous forçait à nous mettre en route sans nous accorder un peu de repos ; barbarie que, vu l’état où nous étions, nous avions droit de considérer comme un attentat à nos jours. — Ki-Chan nous répondit qu’il n’avait pas à s’occuper de ce que pouvait penser ou faire le gouvernement français, que dans sa conduite il ne devait envisager que la volonté de son Empereur. — Si mon maître, dit-il, savait que j’ai laissé deux Européens prêcher librement la religion du Seigneur du ciel dans le Thibet, je serais perdu. Il ne me serait pas possible pour cette fois d’échapper à la mort.

Le lendemain, Ki-Chan nous fit appeler pour nous communiquer un rapport qu’il avait rédigé au sujet de nos affaires, et qu’il devait adresser à l’Empereur. — Je n’ai pas voulu, nous dit-il, le faire partir avant de vous le lire, de