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respect que les Thibétains ont pour ces animaux, et de l'usage qu'ils en font pour la sépulture des morts. Quatre espèces différentes de sépultures sont en vigueur dans le Thibet : la première est la combustion ; la deuxième, l'immersion dans les fleuves et les lacs ; la troisième, l'exposition sur le sommet des montagnes ; et la quatrième, qui est la plus flatteuse de toutes, consiste à couper les cadavres par morceaux et à les faire manger aux chiens. Cette dernière méthode est la plus courue. Les pauvres ont tout simplement pour mausolée les chiens des faubourgs ; mais pour les personnes distinguées, on y met un peu plus de façon ; il y a des lamaseries où l'on nourrit ad hoc des chiens sacrés, et c'est là que les riches Thibétains vont se faire enterrer (1)[1] ....

  1. (1) Strabon, parlant des coutumes des Scythes nomades, conservées chez les Sogdiens et les Bactriens, dit : « Dans la capitale des Bactriens, l'on nourrit des chiens auxquels on donne un nom particulier ; et ce nom rendu dans notre langue, voudrait dira enterreurs. Ces chiens sont chargés de dévorer tous ceux qui commencent à s'affaiblir par l'âge ou par la maladie. De là vient que les environs de cette capitale n'offrent la vue d'aucun tombeau ; mais l'intérieur de ses murs est tout rempli d'ossements. On dit qu'Alexandre a aboli cette coutume. »
    Cicéron attribue le même usage aux Hyrcaniens, lorsqu'il dit : «  In Hyrcania plebs publicos alit canes ; optimates, domesticos. Nobile autem genus canum illud scimus esse. Sed pro sua quisque facultate parat, à quibus lanietur : eamque optimam illi esse censent sepulturam. » (Quœst. Tuscul., Itb. I, § 45.)
    Justin dit aussi des Parthes: « Sepulture vulgo aut avium aut canum laniatus est. Nuda demum ossa terra obruunt. » (Note de Klaproth.)