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s, un peuple sauvage et cruel, quî n'attend que la fonte des neiges pour venir massacrer les tribus thibétaines, et s'emparer du pays.

Quoique tous les Chaberons indistinctement soient des Bouddha-vivants, il y a néanmoins, parmi eux, une hiérarchie, dont le Talé-Lama occupe le sommet. Tous les autres reconnaissent ou doivent reconnaître sa suprématie. Le Talé-Lama actuel, nous l'avons déjà dit, est un enfant de neuf ans. Il y en a déjà six qu'il occupe le palais du Bouddha-La. Il est Si-Fan d'origine, et a été pris dans une famille pauvre et inconnue de la principauté de Ming-Tchen-Tou-Sse.

Quand le Talé-Lama est mort, ou pour parler bouddhiquement, quand il s'est dépouillé de son enveloppe humaine, on procède à l'élection de son successeur, de la manière suivante. On prescrit des prières et des jeûnes dans toutes les lamaseries. Les habitants de Lha-Ssa surtout, comme étant les plus intéressés à l'affaire, redoublent de zèle et de dévotion. Tout le monde se met en pèlerinage autour du Bouddha-La et de la Cité des Esprits ; les Tchu-Kor tournent dans toutes les mains, la formule sacrée du mani retentit jour et nuit dans tous les quartiers de la ville, et les parfums brûlent de toutes parts avec profusion. Ceux qui croient posséder le Talé-Lama dans leur famille, en donnent avis à l'autorité de Lha-Ssa, afin qu'on puisse constater, dans les enfants désignés, leur qualité de Chaberons. Pour pouvoir procéder à l'élection du Talé-Lama, il faut avoir découvert trois Chaberons, authentiquement reconnus pour tels. On les fait venir à Lha-Ssa, et les Houtouktou des Etats lamaïques se constituent en