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Mongols voyager en Chine : tout le monde se croit en droit de les rançonner, et tout le monde y réussit merveilleusement ; ils rencontrent des douanes partout, partout des gens qui se recommandent à leur générosité, parce qu'ils réparent des routes, construisent des ponts, édifient des pagodes. D'abord on fait semblant de leur rendre des services ; on leur donne des conseils pour se défendre des gens méchants et malintentionnés, on les caresse, on les appelle frères et amis. Si cette méthode ne réussit pas à faire délier les cordons de la bourse, alors on a recours aux moyens d'intimidation ; on leur fait des peurs atroces, on leur parle de Mandarins, de lois, de tribunaux, de prisons, de supplices ; on leur dit qu'on va les faire arrêter ; on les traite en un mot comme de véritables enfants. Il faut convenir aussi, que les Mongols se prêtent beaucoup à tous ces manèges, car ils sont totalement étrangers aux mœurs et aux habitudes de la Chine. Quand ils sont dans une auberge, au lieu de loger dans les chambres qu'on leur offre, de placer leurs animaux dans les écuries, ils dressent tout bravement leur tente au milieu de la cour, plantent des pieux tout autour et y attachent leurs chameaux. Souvent on ne leur permet pas cette bizarrerie ; alors ils se décident à entrer dans ces chambres, qu'ils considèrent toujours comme des prisons, mais ils s'y arrangent d'une façon vraiment risible ; ils dressent leur trépied et leur marmite au centre de la chambre, et allument le feu avec des argols, dont ils ont eu soin de faire une bonne provision. On a beau leur dire, qu'il y a dans l'auberge une grande cuisine, qu'ils y seront plus commodément pour préparer leurs vivres ; rien ne les émeut : c'est dans leur marmite, c'est au beau