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Durant nos longues visites, il nous adressait une foule de questions sur les mœurs, les habitudes et les productions de notre pays. Tout ce que nous lui racontions, des bateaux à vapeur, des chemins de fer, des aérostats, de l'éclairage au gaz, des télégraphes, du daguerréotype, et de tous nos produits industriels, le jetait comme hors de lui, et lui donnait une haute idée de la grandeur et de la puissance de la France.

Un jour que nous lui parlions des observatoires et des instruments astronomiques, il nous demanda s'il ne lui serait pas permis d'examiner de près cette machine étrange et curieuse que nous tenions dans une boite. Il voulait parler du microscope. Comme nous étions de meilleure humeur, et infiniment plus aimables qu'au moment où l'on faisait la visite de nos effets, nous nous empressâmes de satisfaire la curiosité du Régent. Un de nous courut à notre résidence, et revint à l'instant avec le merveilleux instrument. Tout en l'ajustant, nous essayâmes de donner, comme nous pûmes, quelques notions d'optique à notre auditoire ; mais nous étant aperçus que la théorie excitait fort peu d'enthousiasme, nous en vînmes tout de suite à l'expérience. Nous demandâmes si dans la société quelqu'un serait assez bon pour nous procurer un pou. La chose était plus facile à trouver qu'un papillon. Un noble Lama, secrétaire de son excellence le premier Kalon, n'eut qu'à porter sa main à son aisselle par-dessous sa robe de soie, et il nous offrit un pou extrêmement bien membré. Nous le saisîmes immédiatement aux flancs avec la pointe de nos brucelles ; mais le Lama se mit aussitôt à faire de l'opposition ; il voulut empêcher l'expérience, sous pré